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Économie béninoise : Marx, Keynes … mais à quand Jésus ?

https://www.flickr.com/photos/alistairh/24673585267/

Acquise en 1960, l'indépendance du Bénin a débouché sur une succession de régimes politiques instables, marqués par des coups d'État, des rivalités ethniques et des crises économiques. Ces troubles profonds ont fragilisé les institutions et créé un climat de méfiance généralisée. Dans ce fatras, un jeune officier, Mathieu Kérékou a pris le pouvoir par un coup d'État militaire en 1972. Il a rapidement instauré un régime à parti unique, inspiré du marxisme-léninisme. Le pays a été rebaptisé République populaire du Bénin et a adopté une économie marxiste donc planifiée. Les entreprises étrangères et nationales ont été nationalisées, entraînant un contrôle étatique accru sur l'économie. Les terres agricoles ont été collectivisées. Bref, une socialisation complète de l’économie. Et, quel a été le résultat ?  Eh bien, un résultat pas différent de celui que donne systématiquement l’application des idioties marxistes en matière d’économie. Dans le cas du Bénin, les collectivisations ont entraîné une baisse de la production agricole de l'ordre de 20% entre 1972 et 1980, selon les estimations de la Banque mondiale. Entre 1972 et 1985, la dette extérieure du Bénin a été multipliée par cinq, passant de 150 millions à 750 millions de dollars, principalement due aux emprunts contractés auprès des pays du bloc de l'Est pour financer les grands projets. Il me plaît de rappeler un fiasco de cette époque : le paiement des salaires. Comme c’était une période caractérisée par la fameuse phrase de Mussolini « Tout dans l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État ! », il est arrivé  que l’agitation populaire ne faisait que grandir à cause des retards de paiement des salaires. Le régime du président Mathieu Kérékou a infligé une répression gouvernementale d’une rare violence qui a atteint son point culminant en 1989. C’est parce que la population luttait contre la violence et l’intimidation continuelle du régime présidentiel que le président Mathieu Kérékou s’est rendu compte qu’il devait y avoir une « ouverture » pour réformer son gouvernement ; ce qui a débouché en février 1990 sur la Conférence des Forces Vives de la Nation.

 

Ne vous y trompez pas. Le socialisme/marxisme économique échoue partout où il a été essayé. Si le socialisme avait une quelconque efficacité, l’URSS ne s’effondrerait pas et serait le pays le plus riche du monde.

 

Les réformes économiques entreprises par le Bénin après 1989 ont permis une croissance moyenne annuelle de 4,71 % entre 1990 et 2021, selon les données de la Banque mondiale. Je ne soutiens pas que les années après la Conférence des Forces Vives de la Nation ont été marquées par le règne de l’économie de marché, elles ont juste été moins socialisantes.

 

Que le lecteur veuille bien considérer le graphique suivant :

 

Source : BCEAO

 

Le graphique montre qu’à partir de 2015, la ligne bleue monte plus vite que la ligne verte. Le constat est donc sans appel : au Bénin, le secteur non marchand croît beaucoup plus vite que le secteur marchand. En clair, l’entrepreneur béninois doit payer de plus en plus cher le « siège social Bénin ». Le keynésianisme qui a été une doctrine économique pensée dans le contexte de la crise mondiale de 1929, a été porté comme vérité intemporelle afin d'accroître l’intervention de l’Etat dans l’économie. Pour le cas du Bénin, cela conduit à des chiffres de croissance économique encourageants. Mais, le diable se cache dans les détails, car c’est le PIB non marchand qui croît à grande vitesse. D’ailleurs, le ratio de la masse salariale par rapport aux recettes fiscales est de 37,1 % - ce qui est, soit dit en passant, au-dessus de la norme communautaire de l'UEMOA qui est de 35% maximum. Ravage du keynésianisme !

 

Le drame du Bénin est que l’idée selon laquelle c’est l’Etat qui fait le développement économique est tellement ancrée que plus personne ne la remet en cause. L’on étend sans cesse le périmètre de l’Etat avec comme espoir de créer de la richesse. Ânerie ! Celui qui crée de la richesse a un nom : entrepreneur. Ce qui m’amène à parler de Jésus. 

 

En sciences économiques, il est établi (notamment par Schumpeter)  que l’entrepreneur est le personnage principal de l’économie à travers le phénomène de la destruction créatrice. Jésus avait aussi mis l’accent sur la prise de risque comme attitude indispensable dans la parabole des talents. 

Ci-après, le texte de Matthieu Chapitre 25 versets 14 à 30

 

Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. Celui qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit: Seigneur, tu m’as remis cinq talents; voici, j’en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui avait reçu les deux talents s’approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m’as remis deux talents; voici, j’en ai gagné deux autres. Son maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite, et il dit: Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné; j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi. Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné; il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Otez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.



Premier point. Le maître, en confiant une épargne de huit talents d’argent à ses serviteurs, valide une notion essentielle en économie : le droit de propriété. Deuxième point. Le serviteur qui n'a reçu qu'un seul talent a décidé de renoncer à l'opportunité de créer un avantage économique en enterrant le talent qui lui avait été confié. Le maître s'est donc fâché contre lui en raison du coût de l'opportunité perdue (tiens, coût d’opportunité ! encore une notion essentielle en économie introduite dans les paraboles du Christ). De plus, le maître, en faisant une distribution suivant les capacités de ses serviteurs, valide l’idée selon laquelle, comme le capital est par définition rare, il faut qu’il aille à celui qui peut le fructifier le plus possible. Troisième point. L’autre grande leçon que délivre cette parabole est : la prise de risque est indispensable pour avoir de la croissance économique. Ceci corrobore l’insigne rôle de l’entrepreneur dans une économie (les deux bons serviteurs dans la parabole des Talents). Celui qui ne prend pas de risque (appelons-le, improprement, rentier) dans les Evangiles est toujours envoyé en enfer (le mauvais serviteur dans la parabole des Talents). Dit autrement, le Christ nous dit que, pour qu’une économie fonctionne bien, il faut qu’elle favorise l’entrepreneur par rapport au rentier. Est-ce le cas pour le Bénin ? La réponse est : non ! Pour le lecteur intéressé par la démonstration, je l’invite à lire cette TRIBUNE que j’ai écrite pour le magazine panafricain KANU.

 

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